L’ADEME étudie les performances réelles des poêles à granulés

Les ventes de poêles à granulés n’ont cessé de progresser en France ces dernières années. Et l’une des raisons de ce succès, ce sont les très bonnes performances affichées par les fabricants de ce type d’appareil. Il s’agit aussi bien des performances en matière de rendement que des performances en matière d’émissions de polluants atmosphériques.

Le syndrome de l’affaire Volkswagen aux Usa étant sans doute passé par là, l’ADEME a voulu vérifier si les performances mesurées en laboratoires étaient vérifiées en conditions réelles. Elle a donc diligenté une étude auprès de l’INERIS, du CSTB, de Solagro et de Wigwam.

Cette étude a mesuré les performances
- chez une vingtaine de particuliers propriétaires d’un poêle à granulés récent, labélisé Flamme Verte 7* et utilisé en chauffage principal
- dans des conditions réelles de fonctionnement, sur l’ensemble d’une saison de chauffe pour les mesures de performances énergétiques et sur quelques jours d’essais pour les mesures d’émissions de polluants.

Manon Vitel de l’ADEME, nous avait fait déjà savoir à l'avance que :
- les performances réelles sont effectivement élevées, notamment par rapport au bois bûches, à la fois en termes de rendement et d’émissions de polluants
- ces performances restent perfectibles, ce qui nécessite l’implication de tous les acteurs : utilisateurs, installateurs et fabricants de poêles.

Les résultats de l'étude sont désormais publics :

- Les rendements réels sont assez similaires à ceux annoncés
- 2/3 des appareils ont des émissions satisfaisantes à allure normale et basse (bien que supérieurs de 30% aux chiffres annoncés par les fabricants via des tests en labo)
- 1/3 des appareils ont des émissions  satisfaisantes a allure normale, mais trop importantes à allure basse (moins de 40% de la puissance nominale)

L’étude pointe du doigt  la nécessité que l’ensemble des acteurs impliqués se mobilisent pour assurer. Nous citons l'étude :

'L’étude recommande aux constructeurs d’adapter le débit d’air extrait (ou excès d’air) à la quantité de granulés introduite dans la chambre de combustion à allure réduite ; de restreindre la plage de fonctionnement des appareils afin d’éviter un usage à des allures trop basses (<30% de la puissance nominale) ; et d’inclure une description détaillée des réglages possibles du poêle dans la notice d’utilisation.

L’ADEME préconise aux installateurs de bien dimensionner la puissance de chauffe de l’appareil en adéquation avec le besoin en chauffage du logement pour éviter le recours à des allures trop faibles entrainant des performances dégradées ; d’effectuer un calcul de dimensionnement des conduits (tirage ni trop faible, ni trop fort) ; de vérifier la compatibilité des thermostats raccordés car certains thermostats externes ne prennent pas en charge tous les modes de fonctionnement des poêles ; de veiller à analyser le besoin de la mise en place d’un chauffage d’appoint afin d’apporter l’énergie suffisante au logement et d’éviter une surchauffe de la pièce de vie (surconsommation) ; et de vérifier les réglages de l’appareil (du ventilateur et  de la fréquence de nettoyage du creuset) lors de chaque entretien.

Enfin, l’ADEME rappelle aux utilisateurs l’importance d’acheter des granulés certifiés et de les stocker dans de bonnes conditions ; de régler la bonne qualité de combustion si nécessaire, lors d’un changement de marque de granulés ou de lot ; de faire l’entretien annuel ou bi-annuel nécessaire, dont le ramonage ; et de privilégier le mode modulation lorsque le besoin de chauffe est important (dans ce mode, lorsque la température de consigne est atteinte, le poêle continue à fonctionner mais à une puissance plus réduite), et le mode marche/arrêt lorsque le besoin de chauffe est moindre, pour éviter les allures de fonctionnement les plus faibles."

Restera sans doute à l'ADEME de trouver une solution pour les protocoles de test en laboratoire soient mis à jour.
Et on peut penser que cette étude influencera les politiques publiques à l’heure où on entend le Président E. Macron vouloir « accélérer fortement » sur les ENR.