Avec la crise sanitaire de la Covid-19. le monde du chauffage au bois a lui aussi dû se résoudre à réduire l’activité. Comment les professionnels vivent ces différentes péripéties entre le confinement généralisé du printemps et ce reconfinement d'automne ?
Interviews croisées :
- de Caroline, Xavier et David, trois distributeurs d'appareils de chauffage
- et Daniele RIGHI de l’entreprise De Manincor, fabricant de cuisinières fonctionnant au bois bûche.
Comme tout le monde, le 17 mars 2020, Caroline, Xavier et David ont dû se résoudre à fermer leurs magasins de vente de poêles, d’inserts et de cheminées durant 55 jours à cause du confinement généralisé décrété par le Président de la République le 16 mars.
Pendant 55 jours, les magasins ont laissé leurs rideaux fermés. Et fin octobre un nouveau confinement plus souple cette fois, a été décrété par Emmanuel MACRON. Nous avons donné la parole à quatre professionnels de la filière.
Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
Moi c’est Caroline IZAR (CI), je gère la SARL « Adopte un poêle » créée le 16 janvier 2013. Nous vendons et posons des appareils de chauffage au bois et granulés. Depuis un an, nous posons également des appareils raccordés à un système hydraulique (chaudières et poêles hydro). Nous disposons d’un showroom de 90 m². L’équipe est composée de 5 salariés en plus de moi. Notre chiffre d’affaires est en progression constante depuis 2013, passant de 250 000 à près de 700 000 euros en quelques années.
Je suis Xavier VINCENT (XV), gérant de la société « Cheminées Nicolas » basée à Nantes (Orvault). Nous effectuons la vente, l’installation et l’entretien de poêles à bois dits de masse, cheminées, poêle à bois et granulés ainsi que des cheminées et poêles au gaz. L’entreprise est composée de 5 personnes et dispose d’un showroom de 180 m².
Je m’appelle David VIOLAN (DV), je gère le magasin Interstoves 62 basé à Sainte-Catherine, tout proche d’Arras dans le Pas-de-Calais. Notre magasin offre aux visiteurs la possibilité de découvrir les produits fonctionnant au gaz, aux granulés et au bois bûche. Chaque famille de produit dispose d’un appareil en fonctionnement dans le showroom. Après la présentation des produits, nous en assurons la vente, la visite technique, l’installation et l’entretien.
A l’annonce, en mars dernier, de la fermeture de vos magasins, comment avez-vous réagi?
CI : Cette annonce fut assez irréaliste, les premiers jours furent très difficiles. Humainement, on a l’impression de ne plus servir à rien et de laisser un bébé sans surveillance, ça brise le cœur. Nous avions mis en place la visioconférence avec toute l’équipe, chacun chez soi, mais toujours en contact. Et c’est un côté que nous avons conservé aujourd’hui. Nous sommes plus proches et la cohésion d’équipe s’en est trouvée améliorée.
XV : j’ai racheté le magasin le jour du confinement… un signe !
Je suis de nature enthousiaste. Ma seule inquiétude c’était d’avoir un planning rempli pour les premiers jours de mon activité de gérant. Auparavant, j’ai été poseur pendant 3 ans puis vendeur plus de 12 ans dans différents magasins. L’ancien propriétaire avait beaucoup de projets en cours. C’était aussi rassurant pour moi.
DV : Avant toute chose, il faut rappeler que l’annonce était avant tout légitime. J’étais en Italie, pour le salon Progetto Fuoco en février dernier. Le salon se tenait à Vérone dans une province d’Italie très marquée par la pandémie et le confinement du printemps dernier. Il fallait à tout prix réduire l’activité en France.
Nous avons fermé le magasin mais nous avions continué certaines visites techniques et installations en respectant le protocole sanitaire. Concernant les démarches administratives nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières si ce n’est qu’une seule contrainte sur la saturation de la ligne téléphonique qui nous permettait de nous enregistrer…
DR : On a eu très peur. Les distributeurs ont fermé pendant deux mois et les ventes se sont effondrées. Heureusement qu’il s’agit des mois les plus faibles de l’année, l’impact aurait pu être bien plus lourd si le confinement avait eu lieu en pleine saison de chauffe.
Et comment s'est passée la ré-ouverture ?
DR : Depuis la réouverture des points de vente, les magasins ont globalement rattrapé les ventes manquées. j’aurais signé tout de suite si on m’avait promis cela en mars dernier ! Chez DeManincor, on a même vendu un peu plus d’appareils que l’an dernier si on compare les périodes allant de janvier à octobre. C’est le cas en France, mais aussi en Italie.
Je mets ces bons résultats sur le compte d’un changement de priorités. Parce que nous y étions obligés, nous avons passé plus de temps chez nous, dans nos maisons. Pendant le confinement, nous avons plus cuisiné et en sortant du confinement nous avons sans doute voulu améliorer nos intérieurs. Les poêles mais aussi cuisinières à bois DeManincor font bon ménage avec la recherche de plaisir et de confort.
En dehors de ce confinement des lieux de vente, il y a eu un autre confinement, plus subtil : le confinement commercial. Les commerciaux sont restés chez eux, ils n’ont pas montré les nouveautés aux distributeurs et ils n’ont pas eu la possibilité de les exposer dans leurs showrooms. Si commercialement, il me semble que ce sont les nouveautés qui ont le plus souffert du confinement.
Comment vivez-vous cette période de deuxième confinement ?
XV : Nous sommes en pleine saison de chauffe. C’est pas le meilleur moment pour être confiné à 100 %, comme cela fut le cas en mars. Aujourd’hui, nous arrivons à prendre des rendez-vous techniques afin de pouvoir établir nos devis à l’agence et de travailler à distance.
Pour les techniciens, ils essayent de respecter les gestes barrières auprès des clients et travaillent énormément à cette période. Nous avons une équipe soudée et nos installateurs aiment leurs métiers donc ils sont motivés au maximum et c’est un message fort pour mon entreprise.
Nos clients sont compréhensifs et nous sommes heureux des retours très positifs de notre clientèle qui nous soutient réellement en ces temps compliqués.
DV : On ne change rien et on recommence ! Le protocole sanitaire est mis en place, le magasine st fermé et nous travaillons sur rendez-vous. Les clients comprennent bien car ils sont eux-mêmes confrontés à cette même situation donc, tout va bien !
Permettre aux professionnels de conserver une activité professionnelle est primordiale surtout pour nous alors qu’il s’agit de la haute saison.
CI : La fermeture et les nouvelles mesures (de confinement) étaient prévisibles. La tendance allait dans ce sens, nous nous y étions préparés. L’activité était à son pic maximum au moment de l’annonce du reconfinement. Nous avons été beaucoup moins perturbés, que lors du premier confinement, car nous avons su nous adapter et avons profité des derniers mois pour prévoir les outils nécessaires : visioconférence, télétravail, logiciel de signatures à distance, demande d’étude à distance plus complète sur notre site internet.
Nous avons également reboosté le marketing pendant la période estivale afin d’avoir un maximum de contacts et de commandes pour anticiper le planning de la saison. Grâce aux aides financières et le fait que nous soyons « mandataire » pour les demandes, notre planning s’est vu complété rapidement pour cette saison hivernale 2020/2021. Ce qui a permis, même encore aujourd’hui, de ne pas avoir recours à l’activité partielle pour les équipes de poses d’appareils.
Comment avez-vous accueilli les aides pour « Ma Prime Rénov’ » et comment analysez-vous les nouveaux barèmes d’attribution des aides financières ?
DV : On en arrive à un véritable problème : la lourdeur administrative incroyable !
Bien entendu toutes les aides sont les bienvenues pour que nos clients puissent faire les efforts en faveur de l’environnement mais le délai de traitement par les services est bien trop long, vraiment long ! Certains bureaux (dans les Hauts-de-France) de l’Agence Nationale de l’habitat (ANAH) demandent jusqu’à six mois pour traiter le dossier mais bien avant le délai de traitement c’est le délai pour exécuter la vente qui devient plus complexe car il faut souvent accompagner les clients dans toutes leurs démarches d’obtention d’aide.
CI : Nous espérons que le plan de relance prévoit un maintien de ces aides dans les prochaines années. Nous aimerions bénéficier d’une certaine visibilité en ces temps difficiles pour l’entrepreneuriat. C’est aussi grâce à ce système que l’activité se porte bien. Toutefois, les nouvelles annonces ne sont pas si exceptionnelles ni simplifiées ! Cela n’est par forcément plus clair pour les clients. De plus, le site « Ma Prime Rénov’ » est saturé, les dossiers de demandes n’avancent pas, certains de nos clients attendent des remboursements depuis le mois de mai.
Le problème pour nous, c’est que beaucoup de clients ne peuvent pas financer les aides et sachant qu’ils peuvent attendre plus de six mois pour un remboursement, nous attendons aussi d’être payés.
Nous sommes la banque de nos clients. Nous en avons quelques uns en attente de paiement mais nous avons atteint notre seuil d’avance de trésorerie. Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre des règlements pour payer les salaires et les fournisseurs. La trésorerie n’étant pas à rallonge, les clients qui ne peuvent pas avancer les aides nous sommes contraints de les refuser. Et comme ils n’ont pas de solution de financement mais qu’ils sont éligibles aux aides, ils renoncent au projet… Le Gouvernement avait annoncé des paiements rapides et des avances pour les acomptes mais vu la lenteur du traitement des dossiers le financement arrivera trop tard.
XV : Aujourd’hui, nous trouvons que les aides à plusieurs échelons en fonction des revenus des ménages compliquent les choses. C’est très difficile de guider nos clients car il faut connaître les revenus et la situation de nos clients. Je comprends les clients qui ne souhaitent pas divulgués des informations les concernant : revenus, rentes, etc.
Il faut aussi attendre le retour de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) qui traite les dossiers. Pour nous aussi cela ralentit nos clients dans leurs démarches de travaux de rénovation énergétique. Nous manquons de renseignements pour aider nos clients.
En conclusion :
Si les aides sont bienvenues, on le voit, les professionnels du chauffage au bois auraient aimé que les messages soient simplifiés concernant les aides financières afin que ces acteurs puissent se concentrer sur ce qu’ils savent faire : vendre, installer et entretenir des poêles à bois. Le fait de pouvoir maintenir une activité professionnelle pendant ce second confinement est une vraie bouée de sauvetage !
La profession, malgré un rebond des ventes ces dernières années, n’a vraiment pas besoin de difficultés supplémentaires.
Rappelons que la profession est composée de très nombreuses petites entreprises qui peuvent déjà avoir été mises en difficultés ces dernières années à causes d’autres problématiques : baisse du prix des énergies fossiles, explosion des ventes de poêles à granulés de bois, réglementation thermique 2012, etc.
Plus d’information sur nos intervenants :
- Entreprise de Caroline : https://www.adopteunpoele.com/
- Celle de Xavier : https://www.nantes.cheminees-nicolas.fr/
- Celle de David : https://www.interstoves.fr/fr/magasins?store=42
- Et enfin celle de Daniele : https://cuisinieresabois.demanincor.com/fr/
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